Le texte de Michèle Gibaud-Cousseau, ma mère que je remercie.

J'ai fait la guerre de 1939/45 avec lui
cachée dans la doublure de ses vêtements
protégée par un solide boîtier
qui contient la seule trace de ma longue aventure :
un morceau de journal allemand
Fait prisonnier en juin 1940,
je l'ai accompagné dans sa longue pérégrination
à pied, en train, et encore à pied
jusqu 'en Prusse Orientale, vers Königsberg, près de la Mer Baltique
plus de 1000 kilomètres
Là-bas, j'ai compté ses heures
ses heures d'espoir ou de désespoir
Ses heures pénibles dans le travail de la terre
ses heures d'opulence dans une fromagerie
Avec lui, j'ai résisté au froid, aux mauvais traitements, au vol.
Le 31 Janvier 1945, nous avons été libérés par les Russes.
Longue route vers la liberté, longues marches et enfin le train
des dizaines et des dizaines de gares
Pologne, Allemagne, Hollande, Belgique....Paris
Grâce à moi, Roger note sur un carnet toutes les heures d'arrivées et de départs
Le 19 Juillet 1945, nous arrivons chez nous, 6 ans après notre départ
Intacte, pas une égratignure.... et je fonctionne encore !